03/10/2010

Le ministère de l'Industrie recense les bureaux d'études nationaux

Freiner les déséquilibres de la balance des services

Le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements élabore actuellement un catalogue signalétique regroupant l'ensemble des bureaux d'études de consulting et de conseils exerçant en Algérie.
Selon un communiqué du ministère, rendu public hier, le catalogue sera édité à la fin du mois d'octobre en cours. Le département de Benmeradi a invité, à travers ce communiqué, les bureaux d'études exerçant en Algérie à se rapprocher de ses services pour figurer sur le catalogue.
La démarche pourrait être des plus utiles, du moment qu'elle permettra aux pouvoirs publics de collecter des informations détaillées sur ces prestataires de services. Le catalogue en question est de nature, en effet, à aider le gouvernement à réduire son recours au savoir-faire étranger. Un recours dû à la multiplication des projets d'infrastructures stratégiques à réaliser dans le pays.
Sans parler de tous les programmes de réformes publics ayant pour objectif une restructuration totale du tissu industriel national. La situation a d'ailleurs un lourd impact sur la balance des services. Dans ce sens, le ministre des Finances avait à plusieurs reprises indiqué que le déficit de la balance des services a atteint 11 milliards de dollars.
Un déficit qui grève de fait les finances extérieures de l'Algérie. D'où la nécessité de limiter un tant soit peu le recours systématique aux bureaux d'études étrangers. Une nécessité qui a d'ailleurs accompagné un retour en force du patriotisme économique et du renforcement de la préférence nationale.
Il est utile de rappeler, dans ce contexte, l'amendement du code des marchés publics qui porté le taux de préférence national de 15% à 25 %. Aussi, la loi de finances complémentaire pour 2010 resserre l'accès aux marchés publics en imposant aux opérateurs désirant obtenir un contrat public d'investir en Algérie et de fait, selon la règle des 51/49 s'associer à un partenaire algérien.
Une obligation en mesure d'aider les bureaux d'études nationaux à hisser le niveau de leur savoir technique. Le transfert du savoir-faire pourrait devenir une réalité dans cette conjoncture où les compagnies étrangères se bousculent pour décrocher des marchés dans le juteux programme d'investissements publics 2010-2014.
Il faut dire que les bureaux d'études nationaux n'ont eu de cesse de se plaindre de la marginalisation dont ils font l'objet. Les marchés publics importants sont le plus souvent confiés à des bureaux étrangers qui, plus tard, sous-traitent avec les bureaux d'études locaux.

Un état de fait qui témoigne d'un manque de confiance en les compétences nationales, qui met les compétences algériennes sur le banc de touche. Pendant longtemps on a avancé que les bureaux d'études locaux ne disposent pas d'assez d'expérience et de maîtrise pour réaliser les études des grands projets. Néanmoins, les choses semblent changer. Désormais les bureaux d'études nationaux devront bénéficier d'une certaine préférence. Dans ce sens, le gouvernement semble engagé, plus que jamais, à renforcer l'expertise nationale. Ainsi, l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), qui compte revoir son mode de gestion, fait appel, exclusivement, aux institutions et bureaux d'études nationaux, ayant l'expérience et l'aptitude requises dans le domaine de l'organisation et de la gestion des entreprises. il est vrai aussi qu'à l'aube d'un nouveau programme quinquennal sur lequel reposent tous les espoirs de reprise de l'économie nationale et plus spécialement des entreprises nationales, les craintes de voir nos entreprises démarrer la course avec un handicap concurrentiel sont bel est bien présentes, ce qui expliquerait la récente note que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a adressée aux P-DG et responsables d'entreprises et d'organismes publics, où il met l'accent sur la préservation de la confidentialité des données de l'économie nationale. Il n'est secret pour personne, d'ailleurs, que des bureaux d'études étrangers ont eu accès à des informations économiques de haute importance dans le cadre de leur travail en Algérie. A en croire des sources au fait de ce dossier, nombre de ces bureaux n'ont même pas donné de garanties de confidentialité. La réalisation de ce catalogue est de nature, en outre, à faciliter le travail des entreprises locales et étrangères en quête d'études fiables avant le lancement de leurs projets en Algérie, tout en sécurisant les données. Une carte des bureaux d'études serait un atout de plus pour les opérateurs économiques.

Farouk D. quotidien Maghreb économique du 03/10/2010

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