31/10/2010

Benbitour : «Le modèle de développement actuel nous mènera vers plus d’appauvrissement»


Conférence-débat sur la pauvreté à l’initiative d’Amnesty International Algérie

La conférence-débat animée hier par le Dr Ahmed Benbitour au siège de l’association algérienne d’Amnesty International, sous le thème «La pauvreté n’est pas une fatalité», a vite tourné au procès contre le modèle de développement adopté en Algérie.

Le constat de l’ancien chef de gouvernement est sans appel. «Le modèle de développement que nous sommes en train de construire va nous mener, malheureusement, à plus d’appauvrissement», a-t-il affirmé après avoir cité les éléments et les chiffres qui lui ont permis d’arriver à un constat aussi accablant. D’abord, l’environnement mondial.

Celui-ci est caractérisé, parallèlement à la globalisation économique applaudie par un discours officiel mielleux, par une «globalisation de la pauvreté», a relevé le conférencier chiffres à l’appui. Benbitour a relevé le non-respect par les pays riches, «hormis les pays nordiques», a-t-il précisé, des engagements qu’ils ont pris dans le cadre de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Pis, il a noté une certaine iniquité, voire une perfidie dans la répartition des aides au développement dégagées par ces Etats, dont «l’essentiel de celles-ci est octroyé à quatre pays, à savoir l’Irak, l’Afghanistan, L’Egypte et Israël».

Abordant le cas de l’Algérie, M. Benbitour a répété sa célèbre formule selon laquelle notre pays «est un exportateur de richesses et un importateur de pauvreté», regrettant le fait que «l’Algérie souffre de la malédiction de ses ressources». Benbitour explique son pessimisme actuel. L’Algérie «utilise abusivement ses ressources non renouvelables», et les revenus ne sont pas destinés aux investissements créateurs de richesses. Le pays n’accorde pas non plus l’importance qui sied à l’agriculture, a-t-il ajouté. «Au lieu d’exploiter le sol, on abuse du sous-sol pour se nourrir des revenus de ressources non renouvelables», a dit, un zeste ironique, l’ancien chef de gouvernement. Pas seulement, «les phénomènes des harraga, de l’émigration régulière et de la fuite des compétences» sont également considérés comme «une exportation de la richesse» et un «appauvrissement sérieux du pays».

Le conférencier s’est ensuite penché sur l’état des quatre dimensions de la pauvreté dans notre pays, à savoir les manques de revenus, de capacités (accès à la santé, l’administration et l’école), de sécurité (face aux violences et aux chocs économiques) et du manque de voix (capacités de la société à se faire entendre par ses gouvernants). Pour M. Benbitour, la majorité écrasante des Algériens n’est pas à l’abri de ces manques. Et les mesures prises récemment par le gouvernement en faveur de protection de l’économie nationale ne sont, à ses yeux, que de la poudre aux yeux. Pour concrétiser cet objectif, «la priorité nationale est la mise en place d’institutions crédibles.

Pour cela, il faut une alliance stratégique entre le gouvernement et le privé national. Or, actuellement, hormis l’attribution – selon des méthodes douteuses, du reste – des marchés publics aux entreprises nationales, il n’y a rien de concret dans ce domaine», a-t-il dit en substance. De ce fait, «les dangers qui nous guettent aujourd’hui sont un mélange détonnant de pauvreté et de corruption généralisée», a récapitulé celui qui se positionne déjà comme candidat à la prochaine élection présidentielle de 2014. En résumé, «la refondation du système de gouvernance est la seule clé pour la résolution de toutes les dimensions de la crise».
H. Mouhou jeune-independant du 31/10/2010













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