31/01/2011

En Algérie, la gestion des subventions illustre le gaspillage de l’argent du pétrole

Elles profitent de la même manière aux pauvres et aux milliardaires


Les émeutes du début du mois l'ont montré. Pour garantir des prix accessibles à tous, l'État subventionne un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait. Mais aussi l'électricité et le carburant.
Les Algériens, particuliers ou entreprises, ne paient pas ces produits au prix du marché, ni à un prix calculé sur leur coût de revient. Par exemple, grâce à ce système, ils ne paient que 65 % du prix réel de l'électricité. Ces subventions coûtent plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année et elles s'appliquent de manière équivalente à tous les consommateurs. Et c'est là que le bât blesse.
 De l'Algérien qui gagne le SNMG au chef d'entreprise, en passant par les plus importantes sociétés nationales ou étrangères qui activent dans le pays, tous bénéficient des prix subventionnés. Pour tous les produits, cette règle est la même. Il n'existe pas en Algérie de système ciblé de subventions ; contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays, où les ménages les plus défavorisés bénéficient d'aides plus importantes. C'est le cas en Europe par exemple, avec des allocations chauffage pour les personnes âgées en fonction du montant de leur retraite.
 Plus généralement, il n'existe quasiment pas en Algérie d'aide particulière attribuée en fonction des revenus des ménages, excepté pendant la période du ramadhan pour les plus démunis. Au final, ce système se révèle très inégalitaire. Certains, comme les multinationales ou les grandes entreprises algériennes, qui n'ont pas besoin d'être subventionnées, bénéficient des aides publiques, alors que ce qu'elles captent de ces aides serait plus profitable à une grande partie de la population qui en a plus besoin.
 Exemple : comment vendre l’électricité au même prix à un chômeur et à un chef d’entreprise ou un hôtel cinq étoiles à Alger ? Le premier l’utilise pour des besoins indispensables (éclairage, réfrigérateur, télévision…) alors que pour le chef d’entreprise ou l’hôtel, l’électricité sert aussi à avoir l’air conditionné toute l’année ou à chauffer la piscine. En Algérie, le climatiseur est devenu accessible en partie grâce au prix peu élevé de l’électricité alors que dans les pays européens, ce produit est un vrai luxe.
Les absurdités d'un tel système se vérifient aussi dans les produits alimentaires. Après les émeutes du début du mois, le gouvernement a décidé d'exonérer de charges et de taxes l'importation, la transformation et la distribution du sucre et de l'huile. Une mesure qui a bénéficié autant aux consommateurs et aux importateurs qu'aux industriels comme Coca Cola qui utilisent le sucre dans la fabrication de leurs produits agroalimentaires. Une aide dont ils n'avaient pas besoin, mais dont le gouvernement n'a pas jugé utile de les priver.
tsa du 31/01/2011

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