03/01/2011

Taux de chômage en ALgérie: Les chiffres officiels, entre réalité et manipulation


Le taux de chômage de 10,2% est brandi par le gouvernement comme un trophée de guerre pour appuyer ses propres bilans des différentes politiques économiques et sociales qui se sont très peu traduites sur le terrain.

Quel crédit donner à un tel taux confronté à la réalité ? L’enquête de l’ONS, qui a donné ce résultat, a été faite durant la période de décembre 2008 à décembre 2009 et a concerné, selon les standards du Bureau international du travail (BIT), la dernière semaine de décembre. Publiée en novembre 2009, elle a été menée auprès de 15 132 ménages ordinaires répartis sur tout le territoire national. En théorie, l’Office national des statistiques se serait assidûment conformé aux critères du BIT qui considère, par exemple, que si une personne en âge de travailler, soit occupée au moment de l’enquête n’est pas considérée comme chômeur.

Une autre enquête, plus récente celle-là, serait en exploitation au niveau de l’ONS. Mais essayons de confronter les statistiques données par ce dernier à quelques autres indicateurs du marché de l’emploi et du taux de chômage dans notre pays. Comparons alors le chiffre de la population occupée qui est de 9,5 millions de personnes à celui du nombre des assurés sociaux qui est de 8 millions, ces données sont officielles, c’est le ministère du Travail et de la Sécurité sociale qui les a publiées. Entre les deux, le fossé est immense, d’autant plus que parmi les 8 millions d’assurés sociaux, on compte également les retraités, les étudiants, etc. Donc, si l’on faisait la soustraction, ce serait 1,5 million de personnes, sinon plus, qui seraient soit sans emploi ou non déclarées à la sécurité sociale. A bien comprendre, certains analystes et certaines données statistiques, basées sur les standards du Bureau international du travail, l’on considère que l’informel fait partie du lot à partir du moment que si durant la période de référence – on occupe un poste de travail, on n’est pas considéré comme chômeur.

Au-delà des lectures, au demeurant favorables pour ceux qui veulent enjoliver leur bilan, garnir les statistiques de l’ONS, force est de constater que la réalité est tout autre. Ce n’est pas les chiffres de l’Office national des statistiques que l’on cherche à tout prix à contredire, un exercice presque impossible, il faut d’autres sondages pour pouvoir le faire, mais c’est l’usage politique qu’on veut en faire tout en sachant qu’aucun organisme, de la taille de l’ONS soit-il, qui plus est n’est pas un organisme indépendant, ne peut répercuter la réalité telle qu’elle est. D’autant plus que le sondage, tous les spécialistes en la matière vous le diront, est techniquement à l’état primitif dans notre pays. Alors la réalité du chômage, on ne peut la mesurer et la quantifier que par l’incapacité du gouvernement à relancer l’économie nationale. L’emploi, le véritable ne peut se créer que par la création d’entreprises, chose dont les pouvoirs publics ont été incapables jusque-là. Preuve en est, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait annoncé que le secteur industriel ne contribue au produit intérieur brut, qu’à hauteur de 5%. Ce n’est un secret pour personne aujourd’hui que les dispositifs aidés (Ansej et CNAC, entre autres) n’ont pas donné les résultats qu’on attendait d’eux. Le problème ? Les banques sollicitées à adhérer à cette opération refusent souvent de prendre le risque malgré l’existence d’un fonds de garantie. Mais pas seulement. Il y a aussi le problème de la formation des porteurs de projets, de la difficulté à accompagner ces derniers et la viabilité de leur entreprise. Ainsi, à se fier aux statistiques de l’ONS, ce sont les jeunes qui souffrent le plus du chômage.
Ils peinent à trouver de l’emploi. Le chômage touche en effet 21,3% de jeunes âgés en 16 ans et 24 ans. Un problème d’insertion, dit-on. Dans la structure du chômage présentée par l’ONS, les catégories de chômeurs par sexe et tranche d’âge, on ne nous livre pas le nombre de jeunes Algériens dont l’âge varie en 16 et 24ans. Bien que cela ne prête pas à comparaison, un coup d’œil dans les chiffres présentés par le dernier recensement de la population et on verra, puisqu’on prétend que l’enquête de l’ONS est représentative, que le nombre de jeunes dans cette catégorie est de 7,864 millions. Ceux dont la tranche d’âge se situe entre 25 et 29 ans sont 3,541 millions. Le taux de chômage est pour cette catégorie de 16%. Cela à titre indicatif, bien sûr ! Avec tous les plans de relance qu’a connus le pays depuis quelques années et tout l’argent injecté, les jeunes Algériens auraient pu être mieux servis en emplois pérennes que par la précarité ! On aurait dû aussi leur épargner la manipulation des chiffres qui est visiblement devenue un enjeu. Des spécialistes mettent d’ailleurs en garde contre la perversion des chiffres. C’est un danger pour la simple raison que sans vraies données, l’on ne peut pas élaborer de véritables politiques de développement.
el watan du 03/01/2011


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