17/02/2011

La protestation sociale prend de l’ampleur en Algérie

Le pouvoir semble incapable d’apporter des solutions


La protestation sociale a pris de l’ampleur ce mercredi 16 février en Algérie, avec des actions de protestation dans plusieurs régions du pays. Des milliers de chômeurs ont assiégé la wilaya d’Annaba pour réclamer les emplois promis par les autorités après les dernières émeutes. Plusieurs universités et des tribunaux paralysés par les grèves des étudiants et des greffiers. Ces derniers jours ont également été marqués par la poursuite des tentatives d’immolation par le feu et l’occupation de logements sociaux par des familles vivant dans des habitations insalubres.
 
Depuis les annonces faites lors du Conseil des ministres du 3 février sur la création d’emplois et la distribution des logements inoccupés, les Algériens veulent du concret et sembler refuser les promesses. Résultat, les autorités sont prises de court par les décisions du président Bouteflika, incapables de réagir et de les traduire sur le terrain afin d’absorber la colère grandissante de la population.
 
Les ministres, les walis et les chefs de daïras, représentants d’une administration bureaucratisée, corrompue et peu compétente, sont comme tétanisés par le réveil brutal des chômeurs, des demandeurs de logements et des habitants des quartiers et villages du pays, qui veulent leur part des richesses nationales. La majorité des responsables de l’administration ont longtemps ignoré les demandes de la population, concentrant leurs efforts sur la gestion des luttes intestines partisanes et le partage de la rente pétrolière. Au niveau local, les autorités ne disposent même pas de relais crédibles capables de les aider à instaurer un dialogue avec la population en colère. Pour un citoyen, voir un wali, un chef de daïra ou un maire –y compris ceux de l’opposition– est devenu un privilège.
Depuis des années, la majorité des ministres et des walis refusent systématiquement de parler à la population, de communiquer sur leurs projets, de s’expliquer publiquement sur les scandales de corruption. Mais ils exigent la présence de la télévision lors de leurs déplacements à l’intérieur du pays pour les besoins de leur carrière politique. Pour un responsable, passer à la télévision n’a pas pour objectif de communiquer avec la population ou de transmettre un message aux Algériens. Il s'agit uniquement de montrer au président qu’il « travaille ».
 
Pour accéder aux services de l’administration, les administrés sont souvent obligés de verser des pots‑de‑vin, de recourir à des relations personnelles ou de passer des journées entières à attendre l’aboutissement de leurs demandes. La marginalisation des élus locaux et le trucage des élections locales ont plongé l’administration dans le coma. Aujourd’hui, elle se montre incapable de prendre en charge les problèmes quotidiens posés par les citoyens.
 
Le président Bouteflika a fait de l’administration une gigantesque machine à son service au détriment de la population. Résultat, aujourd’hui, il est en panne de solutions pour résoudre les questions urgentes posées par les citoyens et surtout éviter une révolte de la rue qui emporterait tout sur son passage.
tsa du 16/02/2011

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