18/03/2012

Bouteflika appelle à écrire l'histoire

Sans falsification des faits ?


L’histoire de la guerre de Libération nationale n’a pas encore été écrite.

Le constat est partagé par les universitaires, chercheurs et écrivains, 50 ans après l’indépendance du pays. Même les acteurs en parlent dans des cercles privés. Les observateurs estiment que les historiens algériens n’ont pas fait leur travail comme il le faut.
Ils sont rares à s’exprimer aujourd’hui sur cette question, sur «les clauses secrètes» des Accords d’Evian signés le 18 mars 1962, sur la crise du FLN de l’été 1962, sur les assassinats politiques durant la guerre de Libération et après l’indépendance du pays, sur le rôle réel joué par certains officiers de l’ALN, sur l’armée des frontières… Dans un message adressé à l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), réunie cette semaine au Club des Pins pour un congrès, le président Abdelaziz Bouteflika a appelé,  pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1999, à écrire l’histoire du mouvement national.
Comment ? « Sur la base d’une vision pertinente et de critères objectifs de manière à répondre à l’aspiration de tous les Algériens et Algériennes, à savoir une histoire où l’on se réconcilie  avec soi sans sélection, ni exclusion, ni occultation ou falsification des faits», a-t-il écrit.
Le chef l’Etat reconnaît implicitement que tout n’a pas été dit sur la guerre de Libération nationale et que des mensonges existent. Le problème est que Bouteflika compte sur une organisation, l’ONM, qui n’a rien fait pour dire aux jeunes générations toute la vérité sur la guerre de 1954-1962. Il n’y a eu jusque-là que des discours, des promesses et des projets.
Des projets qui n’ont jamais abouti.
Au plus fort de la polémique sur «les bienfaits de la colonisation», avec la loi française du 23 février 2005, l’ONM a gardé le silence. Elle n’a rien dit aussi lorsque le débat sur la torture des nationalises algériens par l’armée française a été ouvert, plus en France qu’en Algérie. L’ONM a fermé yeux et oreilles sur les essais nucléaires français dans le Sud algérien et leurs effets néfastes ressentis jusqu’à aujourd’hui.
Comme elle a complètement ignoré la question des archives détenues par le ministère de la Défense nationale. Malgré cela, Bouteflika a dit : «Je souhaite que cette organisation soit une citadelle qui fournira à l’école algérienne de l’histoire la matière authentique aidant à assainir  notre histoire des éclaboussures des écrits irréfléchis et des souillures des campagnes de désinformation coloniales.» Pendant cinquante ans, l’ONM n’a rien fourni à l’école algérienne, où l’histoire officielle est enseignée, comment le fera-t-elle aujourd’hui ? Peut-être que la présidence de la République a une réponse…

 
Fayçal Métaoui el watan du 18 Mars 2012

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