11/04/2011

Le dispositif Ansej menacé


A en croire de nombreux observateurs, il pèse une sérieuse menace sur le dispositif d’aide à la création de l’emplois par le biais de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ).
En effet, estime-t-on, le dégel sur toutes les activités, décidé dernièrement par les pouvoirs publics afin de contenir la colère des citoyens, risque d’avoir des conséquences désastreuses sur l’agence. Car les jeunes qui sollicitent l’aide de l’Ansej optent quasiment tous pour une seule activité : le transport.Sur près de 4 000 dossiers déposés dernièrement à l’antenne de Boumerdès, plus de 3500 postulent au financement de cette activité, déjà très saturée, déplore-t-on. «Tout le monde voudrait bénéficier d’un camion ou d’un bus sans aucune étude préalable du marché de l’emploi. Je suis moi-même dans le secteur du transport des voyageurs, et je vous jure que c’est la galère. Le citoyen croit maintenant qu’il faut à tout prix prendre sa part du gâteau. Ceci est le résultat d’une volonté de corrompre toutes les consciences», dira un transporteur de Boumerdès.
Cette tendance renseigne sur la déviation du dispositif Ansej de sa vocation initiale qu’est la création d’une plus-value économique et de postes d’emploi. «Les pouvoirs publics gèrent cette structure d’une manière politicienne. Ils distribuent l’argent du contribuable pour acheter la paix sociale, mais ceci représente une bombe à retardement», pense un responsable à la wilaya de Boumerdès. «Un bus coûte 6 millions de dinars au minimum, et l’activité ne crée que 2 postes d’emploi au maximum. Or, avec une somme pareille, il est possible de monter d’autres projets plus prometteurs et plus utiles», ajoute notre interlocuteur qui constate avec amertume : « Le malheur, c’est que tout le monde est attiré par le gain facile et le luxe».
Dans une wilaya à vocation agricole, rares sont les jeunes qui présentent des projets dans le domaine, encore moins dans la petite et moyenne industrie.Certains citoyens estiment qu’au lieu de distribuer comme cela l’argent du trésor, le gouvernement aurait dû penser à la création de cabinets d’accompagnement pour les jeunes investisseurs. «Cela existe dans d’autres pays ; il y a des gens dont c’est la mission de penser et de proposer des projets. Il suffit de les payer. Chez nous, nous continuons à travailler d’une manière archaïque», nous dit Saïd, un financier dans une entreprise à Boumerdès. Depuis le «dégel» sur toutes les activités, il y a deux mois, on enregistre un rush sans précédent à l’antenne de ANSEJ de Boumerdès.
Le flux et la tension sont tels qu’on a ressenti la nécessité de mobiliser la police sur place pour surveiller les lieux et protéger les employés d’éventuels dérapages. A plusieurs reprises des disputes éclatent dans l’enceinte même de l’établissement.
Yacine Omar http://benchaida.unblog.fr

3 commentaires:

Unknown a dit…

Ce constat est irréfutable, j'ai quitté l'ANSEJ en 2003 alors responsable R&D après avoir passé 05 années pleines de défis ayant permi au dispositif de démontrer son rôle dans une économie anarchique qui ne dit toujours pas son nom. Mais vo...ilà, l'AnSEJ a été victime de son succès à tel point que toutes les institutions se l'arrachaient (normale l'ANSEJ était devenue une vraie carte éléctorale que le pouvoir brandissait à chaque occsion électorale) même que certains partis d'opposition (MSP en 1er lieu) ne laissait pas une occasion pour parler de ce dispositif. Comment voudrions nous qu'un tel dispositif puisse réussir alors que à la base, l'ANSEJ d'après 2003, était devenu un dispositif de création de poste d'emploi et non plus de richesse? Comment un tel dispositif peut-il réussir au sein d'un ministère qui gère le travail et la sécurité socialee alors que, sous d'autres cieux, de pareils dispositifs sont sous la tutelle de ministère de l'économie de l'industrie ou au bas mot de la PME-PMI? Comment peut-on penser que les 100 locaux par communes peuvent abriter des micro-entreprises issus de ce dispositifs? et enfin, quel regard porter sur la création de recherche quand on sait que 3 promoteurs sur 04 qui créent leurs activité confondent encore entre prêt et donnation? il alors facilement envisageable la disparition de ce dispositif car il ne faut pas oublier que les dernières mesures prises vont induire la précarisation des chômeurs qui deviendront, à coup sûr et dans une année, des chômeurs endettés: une vraie bombe à retardement.

Unknown a dit…

Pour renforcer ce constat il suffit de trouver une réponse à la question suivante: Est ce que le social peut régler une problématique économique( ici le chômage) ou c'est le contraire?
Cela fera bientôt quinze année que le dispositif pratiqu...e la même politique, à savoir la RÉCEPTION des Dossiers de projet.
Or les données de terrain ont changé. Un tel dispositif (qui recèle d'ailleurs d'énormes avantages) ne peut plus se contenter de cette passivité.
Sa continuité dépendra de sa capacité a aller vers des acteurs locaux avec un portefeuille de projets ou plus exactement un package d'opportunités d'investissement mûrement étudiées basées sur les besoins et les richesses locales identifiées à partir des monographie, non pas au niveau de la wilaya mais au niveau de la commune. Ce package devrait contenir l'idée, son étude de marché, son BP et enfin l'assiette devant abriter l'activité.
De même, une condition d'eligibilité devrait à mon sens être revue est celle du profil de formation dans lequel seules les personnes diplômées devraient bénéficier de l'ANSEJ.
Par ailleurs, l'ANSEJ devra faire un travil d'identification et surtout de formation entrepreneuriale en direction de la gente diplômée.
Ce n'est que là, que le dispositif pourra apporter une réponse sociale au chômage par la création objective de richesse et .... donc d'emploi.

Dina a dit…

bravo pour vos commentaires , on sent qu'il y a de l'expérience derrière, vous avez une vision bien clair de ce que l'ANSEJ pourrait offrir à la jeunesse algérienne, et ce qu'elle pourrait apporter à l'économie du pays, oui construire un portefeuille de projets avec les acteurs locaux et identifier de vrais opportunités d'investissement ....c'est toute la mission et le rôle de l'ANSEJ qui doit etre revue et consolidée....mais pour une novice comme moi qui travaille sur le sujet de l'entrepreneuriat en Algérie j'ai des interrogations premièrement le gouvernement utilise l'ANSEJ comme un moyen pour acheter la paix sociale, je trouve que cela n'est pas une mauvaise chose à 100% , on pourrais acheter la paix sociale et créer des entreprises viables par la même occasion l'un n’empêche pas l'autre, comme vous l'avez dit il faut plutot formuler cela comme une réponses sociale à la problématique du chomage, utiliser l'argent du contribual de manière plus inteligente pour servir les interets de tous (gouvernement et peuple) et surtout à long terme, j'arrive à ma question ; A qui confier les projest identifiés? comment sélectionner les bons profils? comment ne pas créer de frustration au niveau des jeunes? comment éviter le piston? comment appliquer ces mesures dans l'immédiat?