13/06/2012

Al Adhan à la télé : L’injustifiable bigoterie



Nous étions des millions d’algériens d’ici et d’ailleurs à avoir ressenti une grosse colère aux ultimes minutes du match entre les «Verts» et les aigles du Mali.
Pour cause, en pleine anxiété quant à la capacité des coéquipiers de Feghouli à égaliser, les téléspectateurs scotchés au petit écran de l’unique, furent surpris, par un arrêt subit de la retransmission du match. Motif ? La diffusion du sacro-saint «Adhan» (appel à la prière) ! On se croirait chez les wahhabites saoudiens…
Les algériens férus de leur équipe nationale et qui avaient les yeux totalement rivés sur «l’unique», n’en revenaient pas. Il fallait être d’une bigoterie maladive pour infliger une telle sanction «morale» aux supporters des Verts et plus généralement à tous les compatriotes d’ici et de l’étranger.
Même du temps du FIS arrogant et triomphant la télé n’était pas sommée de retransmettre al Adhan et interrompre le programme quel qu’il soit ! C’est, de fait, une pratique aussi démagogique qu’archaïque qui s’apparente à une police des mœurs chargée de rappeler (en live) aux algériens qu’ils doivent aller s’acquitter de leurs devoirs de piété.
Adhan algérois pour une prière décalée à Oran et Annaba
Rien, absolument rien ne justifie cette intrusion cathodique d’une séquence dont on aurait pu se passer par simple bon sens. Il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre la religion ni à l’appel de la prière.
La logique aurait voulu que l’appel se fasse par un simple message sur une fenêtre du petit écran sans même «gêner» le programme en cours de diffusion. Il est quasiment certain que le Adhan de dimanche qui a privé les algériens de vivre les dernières minutes du match a été mal perçu ; y compris par ceux nombreux, qui ont répondu à l’appel télévisé du muezzin.
C’est tout simplement de l’irrespect pour les algériens qui n’ont, soit dit en passant, pas de leçon de religiosité à recevoir de ceux qui ont imposé ce Adhan télévisé à l’heure du numérique. Il y a même des téléphones mobiles «équipés» de cette application (diffusion du Adhan) et montrent la direction de la Mecque !
Aussi, les algériens attendent-ils que l’unique diffuse son Adhan pour savoir que l’heure de la prière a sonné ? Pas sûr dans un pays où l’on trouve dans chaque quartier et dans chaque village une mosquée au moins qui diffuse le Adhan à pleins décibels via de puissants hauts parleurs.
Le propos ici n’est pas tant de plaider la cause d’un match de football «bigotement» écourté, mais de pointer la persistance d’une pratique religieusement non justifiée et techniquement superflue.
Adhan, un dogme politicien ?
Elle est non justifiée parce que 18.400 grandes mosquées et plus de 50.000 salles de prières font ce travail de proximité. De plus, le Adhan est également diffusé dans les 48 radios locales et les cinq stations nationales ! Passons sur le fait que tous les priants dignes de ce nom connaissent tout de même les heures de leurs prières…
Cette imposition est aussi mal perçue par les algériens de l’Est, de l’Ouest et du Sud qui doivent écouter l’appel à la prière d’Alger et attendre 30 minutes dans certaines villes du Sud-Ouest, avant d’aller y répondre dans une mosquée !
Les horaires de prières varient en effet entre une ville et une autre. Et l’écart approche les 30 minutes entre la capitale par exemple et les wilayas du Sud comme Bechar et Tamanrasset. Pourquoi obliger nos compatriotes du Sud, de l’Ouest et de l’Est à se mettre à l’heure d’un… «faux» appel à la prière ?
Pas de Adhan lors de la soirée électorale…
Cela frise assurément le ridicule. Çà l’est encore plus pour nos compatriotes de l’étranger qui doivent malgré eux se mettre à l’heure du bled ! C’est dire qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette histoire de Adhan.
Et là où le bât blesse est que cette pratique quasi dogmatique chez nous, est parfois bafouée. Tout le monde se souvient que le jour des élections législatives, on s’est curieusement contenté d’un petit message annonçant le Adhan au JT de 20h00, au moment où l’animateur annonçait les résultats !
Comme quoi quand il est question de faire de la politique, on ne s’encombre pas de scrupules pour «éteindre» la voix cathodique du muezzin officiel. Il est à espérer que nos responsables entendent cet appel à la raison. Amen.
Par Hakim Merabet | algerie1.com| 12/06/2012 |

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