26/08/2011

Algérie-Libye: Le mauvais calcul d'Alger


Les silences de l’Algérie officielle sur les bouleversements en cours en Libye et la chute prochaine de Mouammar El Gueddafi sont devenus assourdissants.

Les partenaires de l’Algérie s’étonnent comment un pays assiste à l’accélération de l’histoire à ses frontières sans prendre d’initiative. A Alger, on préfère donner aux événements une lecture sécuritaire simpliste. On insiste sur la circulation des armes. Et on oublie l’essentiel. Si les frontières avec la Libye sont bien contrôlées, l’armée algérienne a suffisamment de moyens pour le faire, pourquoi craindre la circulation des armes ? Des armes et des explosifs ne circulent-ils pas assez dans le nord de l’Algérie ? Sinon comment expliquer l’enchaînement des attentats à l’explosif en Kabylie et à l’est du pays ? Aucun responsable algérien n’a donné d’explication sur cette situation. Donc, réduire la crise libyenne au risque sécuritaire n’est qu’une question accessoire. L’essentiel n’est-il pas la fin, peu glorieuse, d’une dictature de 42 ans ? Le colonel El Gueddafi, arrivé au pouvoir après un coup d’Etat et qui va finir par mordre la poussière après avoir traité ses opposants de «rats» et menacé de «brûler» la Libye, a, pendant longtemps, eu des rapports particuliers avec les responsables algériens, à commencer par l’actuel Président, ancien ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika.
A Alger, on s’est adapté sans complexe à la folie en montagnes russes du tyran de Tripoli. Les coups bas, nombreux, d’El Gueddafi n’ont pas changé cette situation. L’autoritarisme moyenâgeux du régime libyen arrangeait parfaitement «les affaires» du pouvoir algérien en crise cyclique de légitimité. Et aujourd’hui que la tête d’El Gueddafi est mise à prix par le Conseil national de transition (CNT) libyen, on se sent presque «solidaire» dans les palais d’Alger avec le colonel en fuite. On actionne les médias officiels, télévision et radio en tête, pour tenter de minimiser les événements historiques en Libye et faire diversion sur des questions secondaires, inévitables en pareilles circonstances, comme la fausse arrestation de Seïf El Islam El Gueddafi. Ces manipulations de médias, toujours fermés à l’expression libre, sont les signes d’une incapacité dramatique à adopter une stratégie de communication pouvant expliquer les positions algériennes par rapport aux événements en cours. Les responsables au ministère des Affaires étrangères ont fermé leurs portables pour ne pas répondre aux questions de la presse, d’autres font des déclarations dans l’anonymat. A l’image du chef de l’Etat, qui poursuit ses «auditions» informelles de ministres, comme si de rien n’était, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, est invisible. Introuvable. Aux dernières nouvelles, le chef de la diplomatie algérienne a été vu à Doha, au Qatar, où il a participé à une réunion ministérielle du comité de l’Initiative de paix arabe consacrée à l’examen de la question de la candidature de la Palestine en qualité d’Etat membre des Nations unies.
Donc, au lieu d’occuper le devant de la scène pour clarifier la curieuse position algérienne sur la fin de la dictature en Libye, M. Medelci tente de «remplir» son agenda comme il peut. Hier, il a enfin parlé, en déclarant au quotidien algérien Echourouk que l’Algérie exprimera sa position sur la reconnaissance du CNT libyen après les réunions de l’Union africaine et des ministres arabes des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe.  Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas demander aux experts de la Ligue arabe et de l’Union africaine de venir gérer la politique extérieure de l’Algérie pour, au moins, faire oublier l’incompétence installée dans les bureaux algérois ! La déclaration de Medelci porte un nom : la fuite en avant. Le Tchad, pays voisin de la Libye, a reconnu mercredi le CNT «seule autorité légitime» du peuple libyen. Le Tchad n’a pas attendu une réunion de l’Union africaine pour assumer une position souveraine. Même chose pour l’Ethiopie qui appelé cette même Union africaine à reconnaître le CNT. La Tunisie et le Maroc n’ont, eux, pas transféré leur souveraineté à la Ligue arabe pour se positionner sur la question libyenne. L’Algérie a, dès le début, eu une attitude agressive vis-à-vis du CNT avant que celui-ci l’accuse d’envoyer des mercenaires soutenir les milices d’El Gueddafi. Medelci n’a-t-il pas dit que les rebelles libyens ne pourront pas diriger la Libye ?
Et dès le départ, l’Algérie a choisi la voie de la vraie fausse solution de l’Union africaine sur la Libye qui ne s’appuie pas sur le départ d’El Gueddafi du pouvoir. Après les échecs sur l’accompagnement des révolutions en Tunisie et en Egypte, la position ambiguë sur la Syrie et le silence sur le Yémen, la diplomatie algérienne est en phase de perdre sa crédibilité. L’attaque condamnable de l’ambassade d’Algérie à Tripoli devrait donner à réfléchir sur cette image du pays que Abdelaziz Bouteflika devait embellir. Il est urgent aussi de libérer la diplomatie des réflexes sécuritaires anciens, de la remettre à jour et de rompre définitivement avec les méthodes des années de plomb. La guerre froide a cessé d’exister. Au ministère des Affaires étrangères, on devrait peut-être l’apprendre, une fois pour toutes. Le monopole étouffant qu’exerce le président de la République sur la politique extérieure doit être discuté pour être atténué ensuite révisé. Car, les blocages internes provoqués par les méthodes archaïques de gestion actuelle des affaires de l’Etat se sont déplacés vers la conduite de politique étrangère. Résultat : l’Algérie est un pays sans voix, sans position, sans vision, sans perspective, sans personnalité diplomatique.
Fayçal Métaoui el watan du 26.08.11

25/08/2011

La phrase du mois, de l'année ou tout ce que vous voulez


L'ouverture de l'audiovisuel est à la fois une revendication des professionnels des médias, des politiques et de la société civile. que dit le nouveau texte de loi sur l'information et la communication, concernant ce dossier ?

Dans ce projet de loi, on retrouve presque les mêmes articles mais avec plus d'ambiguïté. personnellement, je pense que l'ouverture de l'audiovisuel obéira aux calculs du pouvoir. il va préparer une ouverture très surveillée. elle interviendra le jour où une partie de la clientèle du système sera prête à investir dans le domaine et donc à ouvrir des chaînes de télévision. l'ouverture de l'audiovisuel sera très planifiée et très surveillée pour reconduire le système.
Propos de M. Redouane boudjemaâ, enseignant en sciences de l'information et de la communication au journal TSA (24/08/2011)

11/08/2011

La pomme de Newton, une pastèque algérienne


Au nouveau bachelier qui a obtenu une moyenne générale de 17,18 (20 en Maths, 19 en physique, 17 en sciences…) très affligé par un 07/20 en philosophie (note qu'il récusait avec amertume d'autant plus qu'à un éventuel recours l'académie lui a opposé un niet), j'indiquai qu'Albert Einstein recalé à des tests d'entrée à l'université se fortifiait en admettant ne pas être compris.

Jusqu'à la classe terminale un jeune est dans la situation de la cellule totipotente, cette unité du vivant apte à se transformer en n'importe quel composant tissulaire de l'organisme : un neurone (cellule nerveuse), un hépatocyte (cellule du foie), un globule blanc (cellule du système immunologique)... En d'autres termes le jeune peut finir enseignant, biotechnicien, élément des services de sécurité… chercheur et évidemment aussi victime du chômage. S'il est évident que la réalité désastreuse du système scolaire est masquée par les taux de réussite à l'examen du bac de plus en plus exagérés, nous ne pouvons pas néanmoins nier qu'une jeunesse studieuse évolue encore chez nous.

Qu'en est-il alors vraiment du verdict de l'INSEAD (The business School for the World) reléguant notre pays à la dernière place en matière de recherche et d'innovation ? S'il titille l'ego de ceux qui s'estiment nobélisables, il n'en demeure pas moins que le rang, le dernier, que nous occupons dans le classement repose sur des appréciations objectives.

Aujourd'hui près de cinquante ans après notre indépendance nous faisons appel aux étrangers pour nous réaliser de simples ouvrages qui devraient être à la portée de nos architectes, ingénieurs… telle l'autoroute Est-Ouest, les blocs qui servent d'édifices public ou encore les immeubles d'habitations ... Le gouvernement utilise le terme chantier pour ces petites réalisations alors que celui-ci doit être réservé aux structures de dimensions importantes et non pas à ces produits du programme de millions d'HBM, de palais anachroniques… de voies rapides).

Les Chinois nous ont bien tancé (en vérité ils ont répliqué à notre malveillance) : «vous auriez construit votre pays nous ne serions pas là pour le faire à votre place». Un diplomate sud-coréen quant à lui nous a vraiment plaints en nous rappelant qu'à notre indépendance en 1962 nous étions mieux lotis qu'eux les Asiatiques en infrastructures (que nos parents ont bâties sous la férule du colon); de surcroît nous disposons davantage de ressources naturelles. Aujourd'hui la Corée du Sud est une puissance économique alors que notre pays est ramené irrémédiablement à l'âge de pierre.

Nous devons donc impérativement nous enquérir des obstacles qui entravent le processus de maturité de nos enfants devenus doctorants, chercheurs… et qui restent mortellement impuissants à innover.

Pour comprendre la problématique, référons-nous à l'oxygène que consomme l'organe d'un être vivant et qui est en rapport avec ses fonctions. Faisons le parallèle avec le budget alloué par un État à ses organismes, institutions...

Chez l'être humain le cerveau consomme le cinquième de l'oxygène total brûlé par l'organisme entier. Son activité le requiert. Seulement chez l'Aplysie, un organisme simple très étudié en neurosciences, le système nerveux qui est fait de quelques arcs réflexes (grossièrement c'est un système carillon, à un stimulus, une réaction) consommerait moins d'énergie que son siphon (tube digestif).

Quoi que l'on dise nous ne sommes pas un pays dont le rendement de sa recherche (activité cérébrale) rend compte de l'argent qui lui est alloué. Dans pareille situation il faut redouter une «néo vascularisation», une prolifération de cellules nerveuses (situation maligne) qui n'ajoute rien au rendement cérébral, au contraire, un déficit de l'idéation y est toujours diagnostiqué.

Des observateurs n'ont pas manqué de signaler que le budget affecté à l'université, à la recherche ne servait pas à promouvoir le savoir, la formation, l'amélioration du cadre et des conditions de vie et de travail des universitaires, corps enseignant, étudiants et travailleurs. Il est quasiment géré comme celui qu'affecte le ministère de l'Habitat à ces gouffres du Trésor public que sont les OPGI (dont l'inutilité n'est plus à prouver) et qui sont à l'origine de toutes les pouilleries où sont déplacées les familles, parquées. («Pourquoi tant de cruauté envers les gens du savoir ?» El Watan, Idées-Débat des 01 et 02 septembre 2007)

L'argent serait de l'aveu de nombreux critiques voué au tourisme... à la confection de laboratoires stériles, rudimentaires dans leur fonctionnement, une assignation à d'autres fins. Ce qui en ressort de concret ce sont pratiquement des manipulations d'expériences abouties que la vulgarisation scientifique diffuse via Internet... Évidemment nous pouvons en toute légitimité nous prévaloir de publications d'Algériens dans des revues de renom (sauf qu'il s'agit de recherche fondamentale dans souvent des cas, du ressort du mérite exclusif de quelques chercheurs, parfois isolés). (Op. cit.)

Ceux qui ont suivi le journal télévisé de notre ENTV relatant l'exploit de ces ingénieurs algériens qui ont construit un avion sans pilote ont dû remarquer sa roue dégonflée !

Le gouvernement a beau claironné que priorité est donnée à l'éducation nationale, (scolarité gratuite, obligatoire…), après des années d'enseignement tout-scolaire l'individu algérien, culturellement lamentable, se retrouve vidé de son énergie dans les enclos appelés spécieusement établissements, centres de formation, campus... Il y est insidieusement poussé à consumer le legs de ceux qui ont peiné pour l'acquérir et le lui confier. Il est carrément dépouillé de l'entendement critique, cruciale pour sa sauvegarde. («Le pouvoir en Algérie : ce n'est pas sorcier !?» El Watan, Idées-Débat des 08 et 09 février 2009).

Les ateliers dont se targuent nos décideurs, sont en fait des opérations d'affairistes et n'ont rien à voir avec la recherche scientifique. Ils répondent au souci de complexification du système carillon par des mécanismes létaux dont le dispositif ANSEJ donne un avant-goût dont se fait la fin en queue de poisson dans des situations hélas nombreuses…

Le projet le plus abouti est en réalité celui que la force maligne concocte sournoisement : le parcage de notre peuple et son maintien en survie pour un office odieux : faire figure d'être «exotique» ridiculement infantile qui n'a pas su se hausser parmi ses congénères à la condition humaine par le rituel le plus élémentaire, l'action et son corollaire l'innovation.

Notre état languit au stade d'avorton, aucun de ses tissus n'atteint la «spécialisation». Comme dans une grossesse arrêtée par des actes délictueux - dont le rôle positif de la colonisation constitue la prescription abortive la plus patente. Mais surtout cet activisme artificieux dont on réalise aujourd'hui la matérialité en suivant les circuits de Bernard Henri Levy. Combien sont-ils ceux de sa secte, le sionisme, à agir en secret dans nos contrées arabes ?

Dans cette situation qui perdure il n'est pas incertain que les copies de nos bacheliers connaissent le sort des bulletins de votes !

PS : Nous sommes en été, nous pourrions toujours tombés sur une pastèque irriguée. Une innovation que n'a pas pris en compte l'INSEAD dans son dernier classement !
par Mourad Merzagui  le quotidien d'Oran 11 aout 2011

02/08/2011

Le commerce de l’eau, une activité très répandue

Biskra

Le commerce de l’eau est une activité très répandue dans la wilaya de Biskra où le phénomène de l’approvisionnement des ménages en eau potable acheminée par camions-citernes a fini, ces dernières années, par prendre une ampleur considérable. Sillonnant quotidiennement les rues et les quartiers des grandes et petites agglomérations de la wilaya, ces véhicules, là où ils passent, sont toujours très sollicités par les habitants qui les accueillent avec jerricans, bidons et divers récipients. Hormis les cas où ces camions-citernes sont mobilisés par les communes pour pallier d’éventuelles perturbations du réseau de distribution, ces véhicules sont si fréquemment rencontrés qu’ils finissent par donner l’impression, au visiteur, que la région vit une grave crise d’eau.
Ce qui est loin d’être le cas, puisque la quantité moyenne quotidiennement reçue par chaque citoyen de la wilaya de Biskra «dépasse les 200 litres», affirme le directeur de l’hydraulique, Abdennour Sellam, qui assure que les éventuelles perturbations signalées çà et là sont dues exclusivement à des «pannes sur le réseau de distribution». Pour ce responsable, l’Etat a engagé au cours des dix dernières années «d’énormes investissements pour satisfaire les besoins de la population en eau potable».
Ainsi, la capitale des Ziban est alimentée à partir du champ captant de Drou, sur 25 km, tandis que des villes comme Doucen et Ouled Djellal sont approvisionnées du champ captant de Bir Naâm, sur 54 km.
A l’exception de certains îlots encore exposés à des perturbations de l’alimentation, la majorité des agglomérations est suffisamment approvisionnée, affirme-t-on.
Loin d’être le signe d’une pénurie ou d’une quelconque tension sur le précieux liquide, ce phénomène s’expliquerait plutôt par la certitude, de plus en plus partagée par une grande frange de la société locale, que la qualité de l’eau acheminée par citerne est bien meilleure que celle du robinet. Dans les Ziban, en général, la première sert à étancher la soif et à la cuisson, tandis que la seconde est réservée à la lessive, au ménage et aux différentes autres tâches domestiques. Du fait d’une ampleur sans cesse croissante, la distribution de cette substance vitale a fini actuellement par se retrouver au centre d’un business apparemment bien lucratif. Khaled de la commune de Lichana affirme exercer cette activité depuis cinq ans. «J’en tire de quoi subvenir aux besoins de ma famille, entretenir mon véhicule et mettre un peu d’argent de côté pour l’avenir». Les services de l’hydraulique recensent, dans la wilaya de Biskra, 500 camions-citernes servant à la commercialisation de l’eau, dont 200 activant au seul chef-lieu de wilaya. Le nombre d’emplois ainsi générés est au moins égal à celui des véhicules, est-il noté. Les points d’où provient l’eau vendue ont acquis une notoriété certaine auprès de la population locale. Aïn Bir Naâm, Nefidha, Oued Besbès et Manbaâa El Ghozlane constituent pour les communs des Biskris, des labels d’une eau de qualité certaine. La seule évocation de la source met en confiance le client qui se trouve ainsi rassuré quant à «l’authenticité» et à la qualité du liquide qui lui est proposé. Entre ces points d’eau et les villes voisines, les va-et-vient de cette imposante flotte de transporteurs d’eau sont incessants et la demande va crescendo. De toute évidence, ce business a encore de beaux jours devant lui.
A. Wahid Le financier du 01/08/2011